La justice examine une plainte déposée par l'Umih, principale organisation du secteur de l’hôtellerie-restauration en France, contre la plateforme de location touristique Airbnb. Le tribunal de commerce de Paris se penchera sur cette affaire le 21 octobre, suite à une procédure initiée en 2018, qui avait été suspendue dans l’attente de plusieurs décisions judiciaires, notamment européennes.
L'Umih accuse Airbnb de détourner une partie de la clientèle hôtelière en ne respectant pas la réglementation, notamment en matière de collecte de la taxe de séjour. Cette situation créerait, selon les plaignants, une inégalité préjudiciable aux collectivités locales. L’avocat de l'Umih, Jonathan Bellaïche, a comparé cette affaire à celle opposant Uber aux taxis, mettant en avant que certaines annonces sur Airbnb seraient illégales en raison de l'absence de numéro d’enregistrement.
Airbnb, quant à elle, se défend en insistant sur son rôle d’hébergeur de contenus plutôt que d’éditeur. La plateforme souligne que son offre est complémentaire à celle des hôteliers, plutôt que concurrentielle, et rappelle que des décisions similaires en Espagne et en France, comme celle de la cour d'appel d’Aix-en-Provence, ont jugé qu’elle ne faisait que héberger des annonces. L’entreprise affirme respecter les lois et plaide que les contraintes liées à la protection des données limitent certaines vérifications, telles que la collecte de certificats médicaux permettant à des hôtes de dépasser le plafond de 120 jours de location par an.
De son côté, l'Umih reste déterminée à poursuivre le combat judiciaire, se déclarant prête à aller jusqu'en cassation. Selon Véronique Siegel, présidente de la branche hôtellerie de l’Umih, il serait déjà bénéfique si Airbnb respectait les règles en vigueur sur tout le territoire.
La bataille judiciaire ne s'arrête pas là. En parallèle de cette procédure, un autre procès est en cours devant le tribunal de commerce de Lisieux. Une vingtaine d’hôteliers réclament 9,2 millions d’euros à Airbnb, alléguant eux aussi une concurrence déloyale.